Le Bocage - Journal du jardin


Carnet d'observations, d'expérimentations et de réflexions

dans le cours du jardinage d'un boisé en Haute-Amérique


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29 mars 2007

Phénologie du printemps 2007

photo M.-J. MusiolCette année, le printemps ou « le dégel » (selon qu'on admet l'existence de quatre ou de cinq, même six saisons en Québec) semble finalement être commencé le 22 mars au Bocage. Il s'agit d'un retard de quelque trois semaines par rapport aux moyennes climatiques. Rappelons que du point de vue de la climatologie, le printemps commence lorsque les maximums dépassent durablement le point de congélation.


Fin mars : Début durable du dégel le 22 mars. Les premiers jours, la couverture de neige s'est tassée d'un bon 10 cm pour se retrouver alors à quelque 30 cm dans La Reposée, environ 45 cm sur la haie nord-ouest et autour de 25 cm ailleurs dans Le Bocage. Mais bientôt, la neige a disparu autour du gros érable rouge malade abattu (c'est-à-dire, là où la neige était couverte de sciure de bois) ainsi que sur la portion plus au sud du versant entre la haie de thuyas et Le Bocage lui-même. Seules la haie nord-ouest et La Reposée sont encore couvertes de vraie neige. Ailleurs, il ne reste plus qu'une mince neige glacée.

Cette fonte ne sera suffisante pour réactiver les ruisselets que dans la seconde moitié de la dizaine. Et encore, très timidement. L'eau a tendance à couler sous plutôt que sur les cascatelles : il faudra donc rétablir le cours des ruisselets. Il apparait clairement qu'une veine d'eau émerge du versant près de la future base de l'escalier. Cette eau longe le sentier pour rejoindre le ruisselet en aval de la cascatelle no 1 (le long de la future platebande des astilboïdes).


Début avril : Quelques jours de maximums sous le zéro durant lesquels une tempête de neige a laissé 20 cm de neige très lourde qui a tout recouvert. Les rigoles ont cependant continué de couler à débit léger.


Mi-avril : Même en demeurant au-dessus de zéro, les maximums se sont souvent maintenus les moyennes saisonnières. Une nouvelle tempête de neige a laissé une nouvelle fois une vingtaine de centimètres partout. Les ruisselets coulent maintenant à bon débit. Si les oiseaux piaillent bruyamment, on n'observe encore aucun signe floristique de l'approche du printemps.


Fin-avril : On voit les bourgeons grossir et sur le point d’éclater, notamment ceux du sureau rouge (ou pubescent sambucus pubens). Les plantes à feuilles persistantes, telles les fougères et aspérules odorantes (galium odoratum) reprennent une belle verdeur.


Début mai : Le premier mai marque spectaculairement le début du printemps. Les minimums ont durablement franchi le zéro. La flore explose. Les tussilages (Tussilago farfara ) sont en fleurs. Les bourgeons de presque tous les arbres feuillus ont éclaté. Les trilles rouges (trillium erectum) sortent et fleurissent à la fin de cette dizaine. Les ruisselets coulent à débit régulier.


Mi-mai : Période plus sèche, la portion supérieure du réseau de ruisselets se tarit, mais demeure humide. Les bourgeons foliaires des arbustes et les graminées éclatent à leur tour. À la fin de cette dizaine, le sureau rouge (ou pubescent sambucus pubens) qui nous accueille à l’entrée du Bocage est en fleur.


Dernier gel : 18 mai 2007.


Fin-mai : Toujours faibles précipitations, la portion supérieure du réseau de ruisselets s’assèche, mais la portion inférieure conserve un certain débit. Le sureau rouge (ou pubescent sambucus pubens) cesse de fleurir. Les quatre-temps (cornus canadensis) émergent et commencent à fleurir. Apparaissent au sol plusieurs autres fleurs telles les smilacines à grappes (smilacina racemosa) et maïanthème du Canada (maïanthemum canadense).


Début juin :Les myosotis et les aspérules odorantes (galium odoratum)sont en fleur.


Dernier jour du printemps : 7 juin 2007. À partir du 8 juin,
les maximums se sont maintenus durablement au-dessus des 22 °C.

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17 mars 2007

Arbres résistants aux changements climatiques

photo M.-J. MusiolNeige, maximum -5 °C.

Un autre deux heures de réduction des branches (souvent cachées sous la neige) de l'érable abattu en bois d'allumage et bois raméal fragmenté (BRF).

Puis préparation de sept nouveaux plateaux de semis intérieur. Entretemps, déjà la moitié de mes semences de pavot bleu de l'Himalaya (menocopsis betonicifolia) placées sur le rebord frais une fenêtre donnant sur le nord sont devenues de jolis plantules.

* * *

Couvert forestier nord-américainLa question est incontournable. Quels arbres résisteront aux changements climatiques ? Car l'arbre qu'on plante ou laisse pousser aujourd'hui est appelé à vivre 75, 100, 200 ans, et parfois plus.

Selon Richard Waring, professeur à l'Oregon State University, les relevés préhistoriques indiquent que les changements climatiques ont tendance à détruire les modes existants d'organisation de la végétation et à forcer l'apparition de nouveaux. « Il n'est pas clair comment les forêts réagiront à l'avenir lorsque les changements climatiques s'accélèreront probablement. »

En effet, à Ressources naturelles Canada « on s'attend à ce que les
conditions climatiques changent à un rythme jamais atteint au cours des 10 000 dernières années, et que ces changements soient plus rapides que la capacité de la végétation à se déplacer. Les effets des stress qui seraient engendrés sur les forêts sont difficiles à prévoir, mais ils ont le potentiel de modifier la composition des écosystèmes forestiers, particulièrement à leur limite sud. » D'un côté, le climat probablement plus chaud et plus humide prévu devrait favoriser la croissance des forêts ; d'un autre côté, cela pourrait cependant nuire à la régénération de certaines espèces.

Les médias rapportent que dans son deuxième rapport à être publié en avril 2007, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) prévoit que la moitié des espèces végétales d'Europe pourraient être vulnérables, en danger, ou tout bonnement avoir disparu d'ici à 2100. Pas encore d'indication sur ce que le GIEC pourrait conclure pour l'est de l'Amérique du Nord.

Cependant, si on se fie à la revue de littérature produite par Éric Forget, Ronnie Drever et François Lorenzetti pour le Consortium Ouranos en mars 2003, les sujets croissants dans le nord de l'habitat de leur espèce auraient généralement plus de chance de survie que ceux croissant vers le sud de ce même habitat. Cette observation générale peut souffrir d'exceptions puisque les facteurs à considérer sont nombreux comme le signale la revue de littérature. Reste que s'il faut choisir entre deux arbres d'espèces différentes, il faudra - à résistance égale aux écarts de température et d'humidité - probablement retenir celui qui est le plus au nord de l'habitat actuel de son espèce.

Dans une entrevue radio, la botaniste Suzanne Hardy suggère des espèces capables d'encaisser des périodes de sècheresse l'été et de grands froids sans couverture de neige l'hiver : notamment le micocoulier occidental, olivier de bohème, érable, cerisier de l'Amour (région connue pour ses variations extrêmes). Elle suggère aussi d'employer le pin gris ou le pin rouge comme écran afin de créer un effet microclimat à l'abri du vent.

Un autre dossier que je creuserai dans les mois qui viennent.

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11 mars 2007

Millions d'arbres à l'agonie

photo M.-J. MusiolEnsoleillé, maximum 2 °C.

Il semble bien que le printemps (ou la saison du dégel) commence aujourd'hui. En effet, les prévisions et projections météo font se maintenir les maximums au-dessus du point de congélation.

J'ai profité de l'épaisseur de la neige pour tailler les deux pommiers de Pierrette, ma blonde, dans son jardin de la cour arrière. Puis dans Le Bocage, j'ai repris la réduction des branchages en longueurs de bois d'allumage et en BRF (bois raméal fragmenté).

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Pierre Gingras qui tient chronique de jardinage au quotidien La Presse a publié un article énumérant divers insectes et maladies qui menacent les noyers (chancre du noyer cendré), hêtres à grandes feuilles (maladie corticale du hêtre), châtaigniers (brulure du châtaignier), pruches (puceron lanigère de la pruche), érables (longicorne asiatique) et saules (longicorne asiatique) d'Amérique du Nord. Il parle aussi des maux subis par l'orme (maladie hollandaise, longicorne asiatique), déjà fort bien connus.

Beau titre et description dramatique. Cependant, pour une chronique de jardinage, l'auteur n'offre pas grand information sur l'aspect pratique des choses. Doit-on se résigner à perdre ces arbres ou se préparer à la lutte ? Dans un cas ou l'autre, cela requiert de faire quoi, pour l'ensemble d'entre eux ou certains sujets en particulier? Ayant des érables, pruches et hêtres dans Le Bocage, j'aimerais bien avoir des indications à savoir si je préserve, protège ou remplace les sujets sur place. Il semble qu'il me faudra mettre ces sujets parmi ceux que je devrais étudier dans les mois qui viennent.

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10 mars 2007

Sélection du Reader's Digest, Faune et flore de l'Amérique du Nord : Guide pratique d'observation et d'identification

photo M.-J. MusiolNeige légère, maximum -1 °C.

J'ai préservé trois sections de troncs du dernier érable rouge abattus. Deux serviront de bases à une table à café pour Le Salon dont la plus grosse présentera une tranche apparente, grâce à une ouverture à cet effet dans la table. La troisième servira de base à un siège au centre de L'Enceinte. Un vernis de type « marin » préservera le bois et l'écorce.

Aujourd'hui, j'ai essentiellement travaillé à réduire les branchages du même érable, en longueurs de bois d'allumage et en BRF (bois raméal fragmenté).

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Illustration de John James Audubon À l'ère des Photoshop et de l'illustration numérique, rien ne vaut encore le minutieux travail des artistes du crayon et du pinceau pour un guide d'identification de la flore et de la faune. Ces « portraits » permettent une meilleure explicitation des caractéristiques distinctives d'une espèce (formes, traits, couleurs, comportements, milieu, etc.). On songe immédiatement aux oeuvres d'un John James Audubon dont une est présentée ci-contre.

Maude, mon ado, a obtenu une copie de Faune et flore de l'Amérique du Nord : Guide pratique d'observation et d'identification de Sélection du Reader's Digest (ici première édition de 1986, il y a eu une seconde édition en1995 - Montréal, Paris, Bruxelles, Zurich), 576 p. Ce livre n'est plus disponible qu'en bibliothèque et sur le marché du livre usager. Cela est malheureux, car il présente de nombreux avantages par rapport à certains autres guides, toujours disponibles en librairie, mais reposant sur des photographies.

La plus évidente est la qualité du travail de pas moins de 24 illustrateurs décrivant plus de 900 animaux et 1100 plantes avec plus de 4200 illustrations (incluant quelques photos des principaux habitats nord-américains). Les fiches sur chaque espèce sont généralement brèves, mais comprennent tout de même noms, tailles, traits, habitats, floraisons (le cas échéant) et cartes de peuplement. Les espèces sont présentées par groupes d'espèces se ressemblant entre elles afin de faciliter le travail d'identification. Les illustrations soulignent certaines différences distinctives par des crochets. Les chapitres s'ouvrent sur une introduction présentant les espèces dont il sera question. Les imposants chapitres sur les oiseaux et les fleurs sauvages offrent aussi des tableaux et clés d'identification. Le premier chapitre consacre 30 pages à décrire et définir les habitats tant sur les plans faunique que floristique.

La principale faiblesse est évidemment le caractère non exhaustif d'un guide devant embrasser tout un continent. Par exemple, sur une quinzaine d'espèces de cornouillers, seulement trois sont présentées. Il faut aussi noter que les index sont plutôt sommaires, se limitant souvent au seul genre sans se rendre à l'espèce. De même, la nomenclature n'offre qu'un minimum de noms communs.

Bref, un excellent guide de base en identification, quitte à être complété par des ouvrages plus spécialisés.

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06 mars 2007

Suivre la remontée du printemps à travers le continent

photo M.-J. MusiolJourney North (Marche vers le nord) est un programme éducatif et un riche site web qui entrainent des élèves de niveaux primaire et secondaire dans l'étude des migrations animales et des changements de saisons. Il permet à des classes d'élèves, des scientifiques et de simples citoyens, surtout d'Amérique du Nord, mais aussi d'ailleurs, de partager leurs observations et expériences. Ensemble, ils surveillent ainsi le déplacement des signes du printemps à travers :
  • les migrations des papillons monarques, des pygargues, merles, colibris et autres animaux;
  • le bourgeonnement et la floraison des plantes;
  • les variations de l'ensoleillement; et
  • autres phénomènes naturels.


Carte de la progression des merles d'Amérique de Journey NorthPour des résidents des latitudes moyennes, il est bon de voir le printemps s'avancer progressivement vers eux à partir des multiples cartes interactives et rapports d'observations, tous constamment mis à jour.

Ce projet est un superbe exemple de projet de science citoyenne alliant vulgarisation et participation des simples citoyens au développement des connaissances en phénologie et climatologie.

Un site qu'on peut revisiter hebdomadairement, voire quotidiennement, avec un plaisir sans cesse renouvelé.

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01 mars 2007

Printemps, dégel, shikuan, sikon : quatre noms pour quelle saison ?

photo M.-J. Musiol :  Le premier mars marque le début du printemps pour les météorologistes. Une division arbitraire de l'année en quatre temps qui, si elle demeure sans correspondance avec le climat réel de presque partout sur la planète, ne s'avère pas trop éloignée de ce que nous vivons dans ce coin-ci de Haute-Amérique... sauf, sauf pour le printemps précisément.

En effet, ici l'été commence bien début juin, l'automne début septembre et l'hiver début décembre. Mais le printemps échappe à ce rythme au trois mois. Début mars, l'hiver perdure encore même s'il n'est plus aussi rigoureux et le printemps demeure loin. Ainsi, cette semaine les maximums ont tourné autour du point de congélation amenant la neige à fondre en quelques emplacements ensoleillés (rues, pourtours des arbres et immeubles) alors que demain on annonce une tempête de neige avec des accumulations entre 15 et 25 centimètres.

Voilà pourquoi les Innus et les premiers Canadiens parlaient plutôt de cinq saisons, et les Atikamekws de six. Mars et avril correspondaient alors pour eux à une saison appelée dégel en français, shikuan (littéralement « le dégel ») en innu ou sikon (« quand la neige commence à fondre ») en atikamekw. La saison de la collecte de l'eau d'érable pour en faire sirop et sucre, le début de la saison de la drave, préparation de la saison des semailles. Du point de vue de la phénologie de l'érable cette saison correspond grosso modo à la période allant de la première coulée de sève jusqu'à la feuillaison. C'est alors le printemps, Milushkamu (« le temps ou tout devient vert et commence à fleurir » en Innu) ou Miroskamin (« quand la terre est là, quand elle n'est plus cachée » en atikamekw).

Alors, vive le dégel !

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