Le Bocage - Journal du jardin


Carnet d'observations, d'expérimentations et de réflexions

dans le cours du jardinage d'un boisé en Haute-Amérique


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18 juin 2007

Phénologie de l'été 2007

photo M.-J. MusiolPremier jour de l'été : 8 juin 2007. À partir de ce jour, les maximums se sont maintenus durablement au-dessus des 22 °C.

Cette été aura été caractérisé par sa sécheresse (l’un des plus sec enregistré depuis 60 ans) et sa longueur (presque quatre mois).


Mi-juin : Les lits des ruisselets sont humides, sans plus. Les quatre-temps (cornus canadensis), myosotis et aspérules odorantes (galium odoratum) continuent d'être en fleur.


Fin juin : Les lits des ruisselets sont toujours qu'humides, sans plus, même s'il est tombé plus de 30 mm de pluie en moins d'une semaine. Vers la fin de la période, c'est maintenant au tour des sureaux rouges (pubescents, sambucus pubens) d'être plein de fruits bien rouges et des sureaux blancs (du Canada sambucus canadensis), magnifiquement en fleur.


Début juillet :Malgré quelques bonnes ondées, les ruisselets ne sont toujours qu'humides. Découverte d'un plant de pyrole elliptique (pyrola elliptica) en fleur, probablement la seule fleur actuellement avec celles des sureaux blancs.


Mi-juillet :Les ruisselets ne sont toujours qu'humides. La pyrole elliptique est encore en fleur. Et maintenant les hostas offerts par mon amie Andrée. Les quatre-temps sont en fruits.


Pyrole elliptique (pyrola elliptica)Fin juillet : Pendant quelques jours l'eau a coulé dans les ruisselets suite à quelques bons orages qui ont amené plus de 60 mm de pluie. Cependant, très vite ils se sont taris à nouveau. La plupart des sureaux blancs sont en fructification alors que certains viennent en floraison. Déjà certains trilles rouges (trillium erectum) sont disparus.


Début aout : Ruisselets toujours qu'humides, même après un rare orage ayant laissé 20 mm de pluie. Les impatiens de Madagascar (peut-être impatiens tuberosa) ont commencé à fleurir.


Fin aout : Ruisselets à toujours à sec. Impatiens de Madagascar en pleine floraison.


Début septembre : Ruisselets à sec, décidément. Impatiens de Madagascar en pleine floraison.


Mi-septembre : Ruisselets à sec. Frênes, bouleaux jaunes et tilleuls jaunissent. Les smilacines sont d’un jaune lumineux. Quelques fougères se fânent.


Fin septembre : Ruisselets à sec. Quelques frênes ont tout perdu leurs feuilles.


Début octobre : Ruisselets à sec.Tous les feuillus jaunissent, sauf les tilleuls qui conservent une certaine verdeur. Les impatiens dans le talus ont cessé de fleurir.


6 octobre : Fin de l'été. Les températures maximales sont passées sous les 22 °C.

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17 juin 2007

S'allier à l'Univers

photo M.-J. Musiol Averses tôt le matin. Dégagement et soleil par la suite. Maximum 24.

Petite routine. Tournée d'engraissement foliaire des arbustes en bordure. Poursuite de l'épandage de BRF sur le sentier. Mise en terre des derniers plants d'impatiens de Madagascar (peut-être impatiens tuberosa) en une platebande à côté de la future base de l'escalier. Première tentative de mise en terre de tricyrtis (tricyrtis hirta), mais après essai, je me rends compte il me faudra attendre que les plants soient nettement plus forts afin de faire face à la compétition racinaire. Empotage des pousses provenant de semis sur pastilles de mousse de cet hiver. Déplacement de quelques brassées buche du boisé vers le carré d'entreposage contre la maison. Bref nettoyage de la future platebande d'astilboïdes, puis des deux niveaux inférieurs du ruisselet après les averses de dimanche matin.

Je constate que les viornes 'autumn jazz' (viburnum dentatum 'autumn jazz') sont atteints par la galéruque. Je ne sais si je pourrais les sauver. De leur côté, les cornouillers à grappe (cornus racemosa) semblent atteints par une carence en fer (jaunissement des feuilles sauf aux nervures). Probablement, une déficience de leur système racinaire qui n'a pas encore tout à fait réussi à s'implanter après ce tout premier hiver. J'ai aspergé d'un peu d'engrais foliaire contenant du fer. Je me procurerai du fer liquide cette semaine en vue d'un traitement plus approprié.

* * *


Sureau blanc (du Canada - sambucus canadensis en fleurUn jardin naturel à l'ombre est un défi qui demande de la patience. Surtout lorsque, comme moi, on dispose de peu de temps à consacrer au jardinage et à l'aménagement. Dans mon cas, à peine quelques heures seulement par semaine, quelques centaines tout au plus par année (en comptant les travaux que j'effectue durant tout l'hiver).

J'entame mon quatrième été de jardinage dans Le Bocage. Il me faudra encore plusieurs années encore pour voir s'achever la transformation du boisé en le jardin prévu. Un bon sept ans encore si je me fis à ce qu'on rapporte de l'expérience d'autres jardiniers en boisé qui y ont mis une dizaine d'années, même en y investissant beaucoup plus de temps et de ressources que je n'en mettrai jamais.

Jardiner devient alors oeuvre de simplicité, d'humilité et de patience. Oeuvre aussi de collaboration avec l'univers. Car il me faut apprendre et apprécier comment la puissance de la nature travaille avec moi, et moi avec elle.

Ainsi ce samedi, j'ai découvert une ligne de quatre jeunes houx verticillés (ilex verticillata) qui poussaient exactement là où je désire diviser deux pièces. Puis pas très loin, une pousse de cornouiller (cornus obliqua ou cornus racemosa), une autre de sureau (sambucus canadensis) et un tout jeune bouleau jaune (betula alleghaniensis) en de bons endroits dans une ouverture d'une bordure que je souhaite voir comblée.

De même, j'ai déjà une large platebande de fougères et de petits prêcheurs qui s'est installée presque d'elle-même. J'ai juste eu à éliminer quelques plantes « en surplus » et à y transplanter quelques fougères qui, autrement, allaient être détruites, car elles se retrouvaient au milieu d'un projet de sentier, du chantier d'une pièce du jardin ou encore d'une platebande dédiée à d'autres types de plantes.

Il apparait donc qu'un jardin naturel se réalise en grande partie de lui-même. À condition de faire de la nature une alliée, et non une adversaire. À condition d'observer l'évolution du jardin et des plantes déjà en place ou qui, soudain, apparaissent : autant d'indication sur les milieux les plus propices à telles ou telles espèces. Donc, à condition de décider judicieusement quelles plantes favoriser ou non en quels endroits.

C'est donc la force même de la vie, les forces mêmes des plantes individuelles dont je profite pour composer le jardin. Ce sont donc les contraintes et exigences mêmes du terrain (par exemple, sa dénivellation ou la présence de nombreux blocs erratiques) qui définissent l'allure du paysage, l'emplacement des pièces et des platebandes.

J'ai comblé une section de l'ancien ruisseau qui avait disparu. Des fougères ont commencé à s'y installer. Alors peut-être devrais-je utiliser ce tracé pour en faire une sorte de « coulée » de fougères ou de sorbarias. Ce sera probablement la première option.

De même, lorsque j'étends de la terre en des sites que je ne compte pas aménager cette année, je ne paille pas, mais laisse la terre nue afin qu'elle puisse se faire librement ensemencer par le vent, les oiseaux ou les plantes voisines. Les surprises qui apparaitront seront alors susceptibles de m'aider ou de m'inspirer.

Il s'agit donc d'une collaboration, presque un jeu, voire une danse avec la nature. À la base, elle impose les lois et les règles. Ensuite, elle propose un cadre physique et l'apparition de sujets de certaines espèces en certains endroits. C'est alors que je dispose. Par exemple, je retiens et choie cette pousse de chêne parmi tous les érables rouges (acer rubrum) qui étaient ici presque une mauvaise herbe. Je regroupe en une platebande les trilles rouges (trillium erectum) qui apparaissent en des endroits cachés du regard. La nature assure alors la croissance et l'épanouissement des sujets retenus. Ai-je éclairci la canopée en réduisant le nombre d'arbres ? Bientôt ces derniers s'élargiront pour profiter de l'espace ainsi offert. Et ainsi de suite.

Le jardin qui en résultera sera donc une oeuvre conjointe.

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03 juin 2007

Tourbillon printanier

photo M.-J. MusiolNuageux, maximum 21 °C.

Cela fait plus d'un mois et demi que je n’ai rien inscrit à ce carnet. C’est que ce fut une période très occupée et prenante, tant sur les plans professionnel, personnel que… horticole.

En effet, une lourde giboulée le 16 avril, suivi d’une journée de grand vent le lendemain a eu raison d’une grande épinette de près de 25 mètres qui est tombée directement sur le cabanon du voisin. Pas de dégât cependant, car elle était très branchue, ce qui a amorti suffisamment sa chute. Soupir de tristesse d'apercevoir soudainement cette grande absence dans la ligne du paysage.

Épinette avant sa chuteGrande surprise également. Bien droite et branchue, cette épinette semblait pourtant être en santé. Or, sa base était cariée. Très cariée même. Bien des fois plus que l'érable rouge (acer rubrum) écorcé que j'avais fait abattre cet hiver. Durant l’ébranchage, j'ai considéré le nombre de grands arbres matures dans Le Bocage. Presque tous peuvent faire des dégâts ou même blesser quelqu'un.

C’est ainsi que j’ai engagé un arboriculteur pour sonder ces arbres, évaluer l'éventuel travail à faire, élaguer le bouleau jaune (betula alleghaniensis) du bassin de décantation (il a fallu tout l’ébrancher – nous n’avons gardé qu’une colonne pour les insectes et les oiseaux) et réduire en BRF (bois raméal fragmenté) les branches de l’épinette, du bouleau jaune et les derniers arbres qu’il me restait à abattre cet hiver.

Il y a maintenant un tas de BRF entreposé sur une toile sur le chantier de L’Enceinte et de grosses branches de bouleau jaune dans La Réserve. Les buches d’épinette serviront au voisin à chauffer un petit bloc erratique au milieu son parterre afin de le fendre.

Épinette tombée dans Le BocageCes travaux m’ont retardé d’un bon mois par rapport à ma planification initiale. J’ai néanmoins achevé l’abattage de cet hiver, effectué un certain nettoyage du jardin, étendu de la terre près de la future base de l’escalier et près de La Reposée, là où l’eau affleure beaucoup au printemps ; remonté plusieurs brassées de buches amassées cet hiver ; identifié plusieurs plans de trilles rouges (trillium erectum) ; étendu le BRF de mon banc de sciage sur une portion de sentier, puis commencé à étendre le BRF entreposé dans L'Enceinte sur le reste du même sentier ; entretenu les ruisselets ; et effectué les deux premiers épandages hebdomadaires d’engrais foliaire sur les arbustes ayant besoin d’un coup de main dans la compétition racinaire.

J’ai aussi planté dans la pente abrupte de la bordure sud-est et tout près de la base de l'escalier des impatiens de Madagascar (peut-être impatiens tuberosa) que m’a donné mon amie Lise et qui proviendraient du jardin d’une peintre-sculpteure renommée (pas de name dropping ici… d'autant plus qu'il s'agira pour moi et avant tout des impatiens de mon amie Lise...). Ce sont des annuelles de montagnes qui s’autopropagent agressivement, et qui donc devraient coloniser la pente.

Entretemps, j’ai continué à prendre soin de mes semis intérieurs. Bientôt, ce sera le temps des transplantations et des semis extérieurs en pépinière.

Enfin, j’ai découvert cette année dans le boisé des smilacines à grappes (smilacina racemosa), maïanthèmes du Canada (maïanthemum canadense), tirentales boréales (trientalis borealis), fraisiers (fragaria) et tiarelles (tiarella cordifolia). Trois raisons pour ces découvertes cette année : premièrement, j'ai plus de temps et plus de trajets pour arpenter et entretenir la totalité du Bocage pendant toute l'année ; deuxièmement, l'abattage des arbres surnuméraires a dégagé la vue ; et troisièmement, l'assèchement superficiel permis par le rétablissement partiel de l'ancien ruisseau et l'entretien régulier des platebandes a permis une moins grande prolifération de jeunes pousses d'érables rouges (acer rubrum) et de sapins baumiers (abies balsamea) qui couvraient littéralement le sol à certains endroits et favorisé le développement d'autres plantes vivaces.

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