Le Bocage - Journal du jardin


Carnet d'observations, d'expérimentations et de réflexions

dans le cours du jardinage d'un boisé en Haute-Amérique


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03 décembre 2006

Ocre ferreuse en surface

Neigeux, maximum -3 °C.

J'ai achevé de débiter toutes les sections verglacées des arbres abattus la fin de semaine d'avant et poser les protections de la haie de thuyas de devant la maison (à peine plus d'un mètre de la rue).

* * *

Il y quelques semaines, une boue organique rougeâtre s'est développée dans un bout de rigole. Cela ne m'étonne pas, cette portion nord-est du boisé est plus pierreuse et le sol du secteur est naturellement ferreux. J'avais d'ailleurs déjà remarqué le même phénomène dans certains fossés aux alentours. Ce qui m'étonnais plus était pourquoi cela est apparu soudainement dans cette rigole déjà vieille de 6 mois.

Or, justement un récent reportage de l'émission La Facture avait porté sur ce phénomène de l'« ocre ferreuse ». Après quelques recherches, j'ai découvert que ce terme est utilisé uniquement dans quelques rares sites québécois. On dit aussi « ocre ferreux ». On parle également de « bactérie mangeuse de fer ».

La recette est simple : sol ferreux + oxigène + présence continue d'eau alcaline (PH 8 ou plus) + bactérie = ocre ferreuse.

Le Centre d'inspection et d'expertise en bâtiment du Québec donne les informations suivantes. Il y a environ vingt-cinq ans, les agriculteurs québécois se sont systématiquement lancés dans des travaux de drainage de leurs terres. «Donc, pour atteindre cet objectif, on installa des drains (...). C'est alors que la problématique de l'ocre ferreux a fait ses premiers dommages dans le domaine de l'agriculture. En effet, ces cultivateurs se sont aperçus que leurs drains se colmataient par des dépôts rougeâtres et visqueux. À cette époque, le phénomène suscita l'intérêt de certains chercheurs qui tentèrent de trouver des solutions au problème. À notre avis, aucune autre recherche jusqu'à maintenant n'a été effectuée plus sérieusement (...).»

Aujourd'hui, le problème apparaît dans les drains de bâtiments constuits sur d'anciens milieux humides ou des emplacements où la nappe phréatique se maintient proche de la surface. En engorgeant les drains, l'ocre ferreuse les rend ineffectifs pour la protection des fondations et des sous-sols.

Le Centre offre deux pistes de solutions préventives (plus aisées à appliquer au jardin que sous les maisons, là où c'est véritablement problématique) à savoir :
1- élimination de la stagnation ou de l'affleurement de l'eau et
2- l'ajustement du PH par « l'ajout de matériaux à grande porosité et à PH qui neutralisent celui du fer, tels que des copeaux de bois ou de la paille ».
Une troisième solution toucherait à l'autre ingrédient de la recette, soit réduire le contact avec l'oxygène de l'air et du sol.

Au niveau curatif, on parle de lessivage régulier des drains ou rigoles.

Ainsi au Bocage, l'apparition soudaine d'ocre ferreuse dans la rigole s'expliquerait donc par les fortes pluies récentes qui auraient creusé inégalement le lit et saturé le sol d'eau qui affleure sur une période suffisamment longue.

Donc, le printemps prochain, je vais lessiver la bouillie rougeâtre, rectifier le lit de la rigole affectée afin d'éviter la stagnation d'eau et y saupoudrer de temps à autre un peu de sciure de bois afin de réduire l'alcalinité.

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