Le Bocage - Journal du jardin


Carnet d'observations, d'expérimentations et de réflexions

dans le cours du jardinage d'un boisé en Haute-Amérique


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29 décembre 2006

Racines grand-maternelles
(ou pourquoi je jardine...)

Ensoleillé, maximum - 7 °C.

Aujourd'hui, poursuite du débittage après ma première marche sur le lac qui vient tout juste de geler. J'ai testé mon gréement hivernal. Pas les vêtements, je les ai amplement testés par très grand froid. Je parle du sécateur à main qui opère moins bien, le ressort s'engourdit. Je parle aussi des mes gants de travail en cuir souple. Dans une main, j'avais mis une doublure en Goretex ; dans l'autre, une en laine fine. Le Goretex est nettement supérieur.

* * *

Les célébrations familiales du temps des Fêtes m'ont ramené le souvenir de ma grand-mère maternelle. Et soudain, j'ai réalisé que depuis près de trois ans j'aménageais Le Bocage en souvenir du val, boisé en plusieurs endroits, limitant la terre de Grand-mère, ma marraine, dont j'ai été proche enfant. Veuve depuis longtemps, elle m'invitait souvent hebdomadairement à aller dormir chez elle. Elle était levée depuis déjà bien longtemps lorsqu'elle préparait mon petit déjeuner. Je me souviens si vivement du silence calmant de la cuisine interrompu seulement par les bonds réguliers de la trotteuse de l'horloge, du Soleil matinal qui baignait et réchauffait mon visage et la place où je m'assoyais, de l'odeur et du gout du thé chaud que je ne prenais que chez elle, du gout des tartines à la confiture de fraise. Les autres matins, Grand-mère venait se joindre à nous alors que nous petit-déjeunions avant le départ pour l'école. Ce moment marquait la fin de sa tournée quotidienne de nettoyage de l'ancienne terre. À notre amusement à tous, Grand-maman déposait alors invariablement sa poignée de détritus sur la table de cuisine, au grand agacement de ma mère qui lui rappelait également chaque fois l'emplacement de la poubelle.

Mes grands-parents avaient une petite terre dont la limite nord-ouest était un gros ruisseau. C'était d'ailleurs deux ruisseaux qui se joignaient à notre hauteur. Je dis « notre » parce que j'ai grandi sur cette terre. Grand-mère avait vendu des parcelles. Quatre maisons se suivaient ainsi de celle de grand-mère à la nôtre, en passant par celles de deux autres familles d'un frère et d'une soeur de ma mère.

Or, Le Bocage (photo du Sentier Nord ci-contre) marque également la limite nord-ouest du jardin arrière de ma maison à la campagne. Il était autrefois traversé d'un ruisseau. Or lorsque j'ai établi un réseau de rigoles, je n'ai pas suivi rigoureusement le tracé de l'ancien lit. J'ai plutôt formé deux ruisselets qui se joignent pour ne plus en constituer qu'un seul.

Notre pente qui menait aux ruisseaux était abrupte, un bon 60 %. Celle d'en face, plutôt douce. Même dans la septantaine, Grand-mère, descendait et escaladait allègrement cette côte pour la nettoyer. Notamment pour éclaircir les framboisiers qui poussaient sur une portion du flanc. Nous disions d'ailleurs qu'elle était « chevreux » (terme qui évoque autant la chèvre qu'il désigne en fait le cerf de Virginie). La descente menant au Bocage puis aux nouveaux ruisselets est au moins aussi abrupte et celle en face nettement plus douce. La pente est tout aussi dangereuse. Pourtant, je répugne encore à y installer l'escalier prévu depuis le début. Enfant, le bord des ruisseaux et le boisé derrière chez mon oncle Maurice ou celui au confluent des ruisseaux étaient des refuges. J'y étais ailleurs, dans un autre monde, tranquille, loin des rumeurs du village, à l'abri des regards et des bruits. Depuis près de trois ans, je me réfugie maintenant au Bocage quelques heures chaque jour où je suis à la campagne. Un escalier faciliterait trop l'accès. Oh, je finirai bien par le construire. Je crois cependant que j'installerai auparavant une barrière qui rappellera qu'il faudra demander permission pour entrer ainsi en mon jardin secret.

Mon oncle Maurice entaillait au printemps les érables derrière chez lui pour en recueillir la sève sucrée. Le Bocage est une érablière à bouleau jaune. La première grande platebande que je comptais y implanter sera entièrement couverte de pétasites. Or justement, derrière chez mon oncle, il y avait des talles de rhubarbes que nous machouillions crues en en cassant le goût suret avec du sucre.

Les tous premiers arbustes que j'ai planté au Bocage sont des sureaux blancs (sambucus canadensis) en version indigène et dorée (variété 'aurea'). Or, le tout premier alcool que je me souviens avoir pris enfant est le vin de sureau de Grand-mère. Il y avait une talle de sureaux à la limite de la terre. Leurs fruits, cueuillis en août, produisait un vin sucré et sirupeux que pouvait apprécier le palais d'un enfant. J'ai planté des sureaux blancs, des rouges (sambucus pubens - image ci-contre) et suis à ma troisième tentative d'en implanter des à grappes (sambucus racemosa, variété 'Sutherland gold').

Mon amour du jardinage est lui-même un cadeau de Grand-mère. Elle m'a appris à jardiner au potager de mes parents, et à son grand potager à elle. Elle m'a appris à prendre soin des glaïeuls, des plantes spectaculaires, très aisées à faire pousser et qui fleurissait en aout, à temps pour mon anniversaire. J'ai toujours aimer travailler la terre, la toucher, la creuser, la bêcher, l'amender, la biner. J'ai toujours aimer prendre soin des plantes.

Bref, plus ou moins inconsciemment, je reconstituais avec le Le Bocage le paysage et le refuge de mon enfance et retrouvais les gestes familiers et à travers eux, mes racines.

Pour Noël, j'ai offert à ma mère de choisir les cinq fleurs ou plantes qu'elle préfèrait le plus parmi la cent cinquantaine d'espèces que j'ai retenues. C'est à partir de son choix que je vais faire mes prochaines plantebandes. À la présence Grand-mère donc, s'ajoutera donc celle de Maman.

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27 décembre 2006

Hiver, saison privilégiée du jardinage sylvicole

Nuageux, maximum -5 °C.

Aujourd'hui, j'ai pris des notes afin de noter les emplacements des plus gros blocs erratiques et des parcours précis du sentier et des rigoles qui les contournent. J'ai ensuite achevé de nettoyer la future platebande de pétasites. J'en ai profité également pour étudier les arbres. Leur santé, leurs branches menaçantes, les élagages et abattages encore à faire.

* * *

L'hiver est une saison idéale pour le jardinage en forêt décidue. Une fois les feuilles tombées, on identifie mieux les arbres, leur condition, leurs emplacements relatifs, la densité du boisement. Sur la neige durcie, il est aussi plus aisé de déambuler à travers les platebandes sans crainte d'abimer les plantes au sol. Une échelle plantée dans la neige est aussi plus sure pour des travaux en hauteur.

L'hiver est aussi une saison idéale pour l'observation des oiseaux. Je pouvais voir simultanément une cinquantaine d'oiseaux dont je n'aurai même pas détecté la présence en plein jour. Même le pic percutant bruyamment le tronc à la cime d'un érable.

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26 décembre 2006

Association FloraQuebeca, Clé d'identification des fougères, 2006.

Averses de neige, maximum 1 °C.

La neige fraichement tombée sur le sol humide révèle le trajet d'une autre section de l' ancien ruisseau en amont du Bocage. J'en reporterai donc bientôt le tracé sur le plan hydrographique.

Aujourd'hui, j'ai poursuivi le débitage et le déchiquetage des arbres et arbustes coupés précédemment. Comme ce sont beaucoup des jeunes arbres et des arbustes, la tâche prend plus de temps. Scier est en effet nettement plus rapide que passer branchages au sécateur pour les transformer en BRF (bois raméal fragmenté).

* * *

Les fougères sont des plantes dont l'identification exacte est souvent difficile. D'ailleurs, je n'en ai pas encore identifié aucune dans Le Bocage, à part les adiantes (adiantum) et encore, pas l'espèce exacte.

Heureusement, l'Association FloraQuebeca, organisme voué « à la connaissance, à la promotion et surtout à la protection de la flore et des paysages végétaux du Québec » a publié sur le Web une clé d'identification des fougères qui tient en huit pages.

Cette clé est divisée en trois parties. La première énumère et illustre les caractéristiques distinctives des fougères : emplacements des spores, longueurs des frondes, formes des limbes, dispositions des frondes. La seconde offre un tableau de correspondances entre différentes combinaisons de caractéristiques et les espèces. La troisième présente chacune des espèces de fougères et leurs caractéristiques.

Pour sûr, voilà un outil que j'ai trop tardé à utiliser. La méthode la plus aisée sera de me constituer un herbier l'été prochain. Cela permettra d'effectuer analyses, comparaisons et identification à mon bureau.

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17 décembre 2006

Planifier le jardin en fonction des changements climatiques

Plusieurs jardiniers se réjouissent à la possibilité que le réchauffement de la planète leur ouvrira l'accès à des plantes croissant en latitudes plus basses qui n'étaient pas rustiques chez eux. C'est un pari risqué. L'inverse est plus probable, soit le développement de conditions hivernales plus difficiles.

Il y a deux grands types de scénarios en matière de changements climatiques. Le premier que nous vivons actuellement, est celui de changements graduels. Le second type de scénarios qui pourraient survenir à un moment encore indéterminé est celui du passage d'un point de bascule qui entrainera un bouleversement complet des climats vers un nouveau point d'équilibre.

Oublions ici les scénarios du second type, trop radicaux et indéfinis pour le moment, et concentrons-nous sur ceux de changements graduels.

Pour le sud-ouest du Québec, par exemple, on n’envisage actuellement pas de changements drastiques. Les projections d'impacts sur l'agriculture indiquent que cette région pourrait connaître d'ici cinquante ans :
- des températures semblables à la Pennsylvanie (gain théorique d'un point de zonage de rusticité) ;
- peut-être un peu plus de précipitations (les Grands Lacs et la Baie d'Hudson demeurant dégagés de glace) ;
- pas de changements dramatiques sur le plan des insectes nuisibles ; mais
- une multiplication des évènements extrêmes (Montréal est presque exactement à mi-chemin entre le pôle et l'équateur : la région demeure donc bien placée pour sentir l'intensification des effets de yoyo entre systèmes arctiques et tropicaux ainsi que les restes d'ouragans de plus en plus puissants et nombreux).
Bref, de meilleurs étés pour le maïs, mais des hivers plus durs pour les pommes.

Or, si souvent en agriculture, on peut changer de variétés chaque année ou lors de chaque rotation, en jardinage, les arbres, arbustes et vivaces sont destinés à s'établir pour longtemps. Des générations même.

En Basses-Laurentides, je m'inquiète donc surtout de la survenue plus fréquente de périodes de grand froid sans l'habituel couvert de neige l'hiver, et de périodes sèches l'été. J'ai donc décidé de ne pas prendre de risque, c'est-à-dire :

a) ne choisir que des plantes :
- plus rustiques que zonées 5 que me permet théoriquement le site protégé (favorisant l'accumulation de neige) que constitue le boisé (donc des plantes zonées 4 ou moins, mais également résistantes à la chaleur l'été) ; et
- capables de supporter des périodes de temps sec (heureusement, Le Bocage est dans une cuvette qui profite du drainage des collines avoisinantes) ;

b) aménager un réseau de rigoles superficielles qui drainera la fonte printanière et les coups d'eau ponctuels, mais pourra également servir de réservoir en entravant l'écoulement de l'eau en les remplissant de feuilles mortes ou autres paillis végétal ;

c) avoir retenu le coin le plus sec pour y installer L'enceinte un lieu de recueillement sur une sorte de terrasse de pierres en surplomp qui fera profiter les plantes autour de l'eau de pluie qu'elle recevra ;

d) préserver un bon entrelacement des branches dans la canopée qui peuvent ainsi se supporter les unes et les autres lors d'épisodes de verglas ou de grands vents ;

e) tenir un registre d'observations du jardin en fonction de la température et des précipitations afin de bien connaître la tolérance du jardin et des plantes individuelles à différents types de conditions ; et surtout

f) paillage, paillage, paillage : on ne peut trop insister sur le maintien d'un épais paillis à l'année longue pour protéger le sol et les plantes des écarts soudain de températures de l'air, notamment des redoux et coups de froid l'hiver ainsi que les gels et canicules l'été.

Au total, rien de bien plus que ce que proposent déjà des pratiques prudentes ou conservatrices de jardinage.

En souhaitant que l'humanité soit suffisamment sage pour éviter les conditions qui provoqueraient les scénarios à point de bascule...

(mis à jour les 8, puis 23 janvier 2006)

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16 décembre 2006

Programme de surveillance du gel et dégel des plans d'eau

Avec le retour de l'hiver, les personnes résidant près d'une rivière ou d'un lac n'importe où au Canada peuvent aisément contribuer aux recherches sur le changement climatique en fournissant leurs observations au programme Veille au gel.

Si nous savons que le climat change, nous ignorons comment le climat changera dans chaque région et comment y réagiront leurs écosystèmes.

L'enregistrement et l'analyse des moments où un plan d'eau est « recouvert de glace » ou « dégagé des glaces », appelés « phénologie de la glace », sont une méthode efficace pour apprendre comment les changements climatiques influencent notre environnement.

En outre, ces observations permettent de comprendre les répercussions des changements des périodes de couverture de glace sur les écosystèmes : changements dans les comportements migratoires et la saison de reproduction des oiseaux, les ressources alimentaires pour les poissons et les mammifères, la température et la composition chimique de l'eau. La couverture de glace influence aussi les échanges commerciaux nationaux, les transports, les loisirs de plein air et le tourisme.

Les simples citoyens peuvent aisément contribuer grandement à ces recherches. Il s'agit simplement de :
  • choisir un lieu duquel observer la formation de la glace hivernale et le dégel printanier sur un lac, une baie ou une rivière de votre région ;

  • enregistrer ses observations ;

  • envoyer ces dernières par le site Web du programme, par télécopieur ou par courrier.
Moi, j'observe une baie du lac près de chez moi. Cela me branche sur la nature tout en rendant utiles des observations que je désire faire de toute manière.

Et vous ?

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15 décembre 2006

Seuls les milieux humides d'envergure seront sauvés

Voilà une décision qui a de quoi vous mettre en colère.

Je prends ici la liberté de reproduire intégralement l'article de Louis-Gilles Francoeur dans l'édition du jeudi 14 décembre 2006 de Le Devoir puisque le quotidien restreint souvent l'accès à certains contenus de son site Web qu'à ses seuls abonnés. Cliquez sur le lien. Si l'article est accessible, vous pourrez également prendre connaissance des réactions et les suites de cette histoire.


Seuls les milieux humides d'envergure seront sauvés
Louis-Gilles Francoeur

Québec a édicté le 30 novembre dernier, sans tambour ni communiqué de presse, les règles qui permettront dorénavant aux fonctionnaires du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) d'autoriser les promoteurs à assécher, remblayer et construire dans les marais et les milieux humides du Québec.


Selon cette directive obtenue par Le Devoir, seuls les grands milieux humides pourront trouver grâce devant les promoteurs et les constructeurs, mais à la condition d'être reliés à des cours d'eau en raison de leur pouvoir épurateur, d'abriter des espèces menacées végétales ou fauniques reconnues ou d'être constitués de tourbières ombrotrophes (bogs) ou minérotrophes (fens). Ces critères de protection ne toucheront que les milieux humides d'une superficie supérieure à cinq hectares dans les terres basses du Saint-Laurent ou dans la plaine du lac Saint-Jean et supérieure à dix hectares dans le reste de la province.

Un hectare correspond à la surface de deux terrains de football.

Ces règles, entérinées par le titulaire actuel du MDDEP, Claude Béchard, sont fort différentes de ce que son prédécesseur, Thomas Mulcair, vouait à la protection la plus complète dans une entrevue accordée au Devoir en mai 2005. Le ministre Mulcair, depuis lors évincé de son poste en partie à cause de sa volonté déclarée de protéger les milieux humides convoités par le lobby de l'immobilier et par les élus municipaux, voulait remplacer dès 2006 au moyen d'une loi spéciale l'actuel système «d'autorisation», qui permet les interventions humaines dans les milieux humides, par un système «d'interdiction» législative sans ambiguïté. Il s'engageait aussi à instituer une politique de «zéro perte nette» sur les terres publiques québécoises, comme celle du gouvernement fédéral, une politique qu'on ne retrouve plus dans les règles entérinées par le ministre Béchard.

Le plan de Thomas Mulcair, qui prévoyait d'interdire toute intervention dans les marais, marécages, tourbières, plaines inondables, rives et berges, a subi plusieurs altérations dans les mois qui ont suivi. Dans une autre entrevue accordée au Devoir en novembre 2005 par son nouveau sous-ministre adjoint au Développement durable, Léopold Gaudreault, le ministre n'entendait plus protéger complètement que 5000 des 25 000 marais de plus d'un hectare de la vallée du Saint-Laurent. Mais il s'en tenait toujours à une politique de «zéro perte nette» sur les terres de l'État. Aucune de ces deux règles n'a finalement survécu au changement de direction du ministère et aux pressions du lobby de l'immobilier.

Les nouvelles règles

En effet, si la présence d'un lien avec un cours d'eau, d'espèces menacées ou de tourbières dans un grand milieu humide peut servir à le protéger, le ministère se réserve quand même le droit, dans sa nouvelle politique, d'y autoriser quand même un projet si le promoteur démontre qu'il ne peut pas le réaliser ailleurs ou autrement.

La directive émise aux directions régionales le 30 novembre dernier, signée par Bob van Oyen, prévoit que le promoteur a toutefois plus de chances d'essuyer un refus s'il s'agit d'un grand milieu humide reconnu d'intérêt national ou régional, ce qui revient dans ce dernier cas à laisser la décision de le classer aux élus régionaux, souvent plus enclins à accroître leur assiette fiscale qu'à protéger les matrices de la vie au profit des générations futures.

Si le promoteur arrive à convaincre le ministère, il devra toutefois s'astreindre aux règles que ce dernier entend imposer pour protéger quelque peu les milieux humides de moyenne importance. Ceux-là sont définis comme faisant entre un demi-hectare et cinq hectares dans les basses terres du Saint-Laurent ou la plaine du lac Saint-Jean et entre un et dix hectares ailleurs au Québec. Ces milieux de taille moyenne, d'après la nouvelle classification, pourront d'autant plus facilement être sacrifiés qu'ils n'auront pas de lien avec des cours d'eau de surface ou un lac et n'abriteront ni tourbières ni espèces menacées ou vulnérables désignées de façon officielle.

Dans le cas des marais de moyenne importance, le MDDEP demandera au promoteur de trouver un «projet de remplacement ou un site de remplacement». Mais «si cela est impossible», prévoit la directive ministérielle, on demandera à l'heureux promoteur de «minimiser» tout au plus les impacts de son projet, qui pourra ainsi voir le jour à l'intérieur ou autour d'un milieu humide. On lui demandera alors d'éviter les «zones sensibles» de ce milieu humide -- lui-même sensible par définition --, de conserver «certains des éléments caractéristiques» du marais ou du marécage et de «maintenir des corridors biologiques et les liens hydrologiques entre les écosystèmes» restants. Enfin, on lui demandera de conserver, si la chose est encore possible, certaines des communautés naturelles.

Toute l'évaluation de ce dossier échappera à l'oeil scrutateur du public et des groupes environnementaux. L'exercice se déroulera derrière des portes closes entre fonctionnaires et consultants du promoteur. La politique ne prévoit pas la moindre divulgation des dossiers ou des évaluations scientifiques et ne prévoit aucunement d'enrichir la réflexion des fonctionnaires par la communication d'information, de mémoires et de recommandations de la part du public, même sous forme strictement écrite.

La nouvelle politique prévoit que les «pertes inévitables» de milieux humides seront compensées «en respectant un ratio de compensation proportionnel à la valeur écologique des milieux humides détruits ou perturbés». On précise que le site compensatoire devra, par ordre de priorité, se trouver sur le site même du projet, sur un site adjacent ou ailleurs dans le même bassin versant ou dans la même municipalité.

Un énorme flou subsiste toutefois car le ministère pourrait exiger en compensation de la perte d'un milieu humide qu'un promoteur achète à des fins de conservation un autre milieu humide à proximité, dont la richesse devrait lui valoir de toute façon une véritable protection. Dans ce scénario, on légalise la disparition de la moitié des milieux humides d'une région. L'autre scénario possible est celui de la politique «zéro perte nette», qui implique que, quelle que soit la solution retenue, une région conserve la même superficie en milieux humides et la même productivité biologique. Les pertes sont alors compensées par la création de nouveaux milieux humides et non par la protection de milieux existants.

Mais l'expression «zéro perte nette», classique dans ce type de dossier, n'apparaît nulle part dans la directive, de sorte qu'il est permis de penser que le ministère s'est satisfait du premier scénario.

Enfin, dans le cas des petits milieux humides, comme le révélait récemment Le Devoir, la porte est ouverte aux autorisations si ces milieux ne sont pas couplés à des plans d'eau et s'ils n'abritent ni tourbières ni espèces menacées ou vulnérables.

Ces petits milieux humides sont définis comme ayant une superficie inférieure à 0,5 hectare dans les basses terres du Saint-Laurent ou dans la plaine du lac Saint-Jean et inférieure à un hectare dans les autres régions du Québec.

Ce sont les professionnels embauchés par le promoteur qui attesteront de l'absence d'espèces menacées ou vulnérables dans un milieu humide convoité. Ce professionnel devra être spécialisé en écologie ou en biologie. Il pourra même s'agir d'un agronome spécialisé en horticulture. La directive ne précise pas ce qui arrivera des constructions érigées si les autorisations devaient être émises sur la foi de renseignements erronés, ni quel type de vérification effectuera le ministère.

Dans la vallée du Saint-Laurent, plus de 80 % des milieux humides ont été rayés de la carte lors de la construction ou de l'agrandissement des villes sur les rives ou aux embouchures des cours d'eau. Plusieurs spécialistes pensent que devant un tel état de fait, il faudrait plutôt protéger tout ce qui reste au lieu de continuer à rogner un héritage dilapidé en deux générations pour l'essentiel.


http://www.ledevoir.com/2006/12/14/124897.html#

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14 décembre 2006

Votre rigole est-elle un cours d'eau protégé?

Votre rigole est-elle un cours d'eau protégé ?

Une simple rigole traversant votre terrain ou jardin peut très bien être un « cours d'eau » et donc comporter une zone de protection riveraine de chaque côté.

Par exemple, au Québec la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables touche « tous les cours d’eau, petits et grands, à débit régulier ou intermittent, artificiels ou naturels, ainsi que les fossés drainant plus de deux terrains sont concernés ».

Il faut donc distinguer entre « cours d'eau » et « fossé ». En pratique, les fossés sont présumés être des cours d'eau (puisqu'ils participent de toute manière au réseau hydrographique d'un bassin versant), sauf dans les cas où il s'agit d'un :
- fossé de chemin (servant à égoutter une rue, une route) ;
- fossé de ligne (qui marquent donc la limite de terrains) qui n'égoutte que les terrains adjacents ; et
- fossé qui ne sert à drainer qu'un seul terrain.

Ainsi, le réseau de rigoles qui traverse Le Bocage sont sans contredit des « cours d'eau », et donc soumis à diverses règlementation de protection.

Peu importe donc qu'il s'agisse d'une rigole, d'un fossé non exclu par la politique, d'un ruisselet, d'un ruisseau ou d'une rivière, les règles et obligations sont les mêmes. Leurs rives sont protégées et les travaux qu'on peut y faire règlementés. Selon la règlementation québécoise, la rive est une bande de terre large d'au moins dix mètres débutant de la ligne des hautes eaux lorsque la pente est inférieure à 30 %, et d'au moins quinze mètres lorsque la pente est supérieure à 30 %. Ce sont ici des largeurs minimales, les différentes autorités territoriales peuvent protéger plus.

Ainsi, il faut vérifier auprès de votre municipalité quels sont les règlements d’urbanisme et de protection riveraine qui s’appliquent à votre cours d'eau avant d'amorcer tout travail à proximité.

Pour les jardiniers, la règlementation est généralement une bonne nouvelle. On requiert, si possible, de maintenir sur les rives un couvert végétal permanent et durable. Les activités horticoles qui y contribuent sont donc permises, et même encouragées.

À l'inverse, toutes les constructions, tous les ouvrages et tous les travaux qui sont susceptibles de détruire ou de modifier la couverture végétale des rives, ou de mettre le sol à nu, ou d'en affecter la stabilité, ou qui empiètent sur le littoral, doivent faire l'objet d'une autorisation préalable, le plus souvent de la part de la municipalité, mais éventuellement aussi d'un ministère ou organisme public. En principe, l'implantation sur la rive d'un couvert végétal exigeant une fertilisation régulière ne devrait pas être permise.

Il ne faut pas sous-estimer l'impact de ce type de règlementation sur les relations de voisinage. Par exemple, dans mon propre cas, le fait que j'ai ressuscité un cours d'eau dans Le Bocage affecte non seulement ce que je peux effectuer sur mon terrain, mais également ce que peuvent faire les voisins chez eux à l'intérieur des bordures riveraines de ce même cours d'eau. Il faut donc éviter de créer, par caprice ou malice, un cours d'eau qui obligera un tiers.

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13 décembre 2006

Votre terrain est-il, à votre insu, un milieu humide protégé par la loi ?

Les mots « milieu humide » évoquent spontanément des paysages dominés par la présence d'eau. C'est d'ailleurs ce qu'illustre les photos ci-dessous provenant du site du Ministère du développement durable, de l'environnement et des parcs du Québec (MDEPQ).

Or, un terrain d'apparence bien ordinaire, un boisé, un terrain vague peuvent très bien constituer un « marécage », et donc un milieu humide protégé par la loi. Pas même besoin qu'ils soient inondés quelques jours par année. Ni même qu'ils soient à proximité d'un plan ou d'un cours d'eau. Une humidité constante ou une nappe phréatique affleurant juste au dessous de la surface peut suffire amplement.

Autant d'un point de vue écologique que légal, il n'existe actuellement aucune définition précise et objective de ce qu'est un milieu humide. Le Grand dictionnaire terminologique désigne par ce terme une « zone de transition entre les écosystèmes franchement aquatiques et les écosystèmes purement terrestres ». Malheureusement, ce qui distingue et délimite un écosystème par rapport aux autres demeure passablement flou. Au MDEPQ, on affirme d'ailleurs travailler à préciser ces définitions.

Actuellement, le principal critère est d'ordre floristique. Si le terrain ou portion de terrain supporte plus de plantes incluses dans une liste établie par le MDEPQ de quelque 700 espèces indigènes au Québec que de tout autres types de plantes, il s'agit vraisemblablement d'un milieu humide. Il faut appeler ou écrire au MDEPQ pour obtenir cette liste puisqu'elle n'est pas disponible sur le Web. Selon le pays ou la zone écologique, le contenu d'une telle liste diffèrera bien sûr.

La liste québécoise comprend de nombreuses espèces qu'on n'associe pas spontanément à un marécage : érable rouge, asters, hart rouge, fougères (dryopteris, matteucia, osmonda), frênes, iris, impatiens, physocarpe, potentilles, chêne bicolore, ronces, saules, sureau blanc, thuja et violettes. Voilà qui peut causer des surprises à des jardiniers qui auraient des préférences pour les plantes de la liste. En effet, il n'est pas nécessaire que la prédominance de plantes soit naturelle pour qu'un terrain soit déclaré être un milieu humide protégé. C'est ainsi que des propriétaires qui avaient aménagé un étang ont découvert qu'ils ne pouvaient plus modifier leur jardin, du moins sans une permission expresse des autorités (impliquant constitution d'un dossier, arpentage, etc.).

La question demeure bien sûr à savoir : qu'est-ce qu'une prédominance de plantes inscrite sur cette liste ? Au ministère, on ne peut préciser s'il s'agit d'une prépondérance en nombre d'espèces, en nombre de sujets ou en importance relative des biomasses (un seul arbre comportant une masse beaucoup plus importante que n'importe quelle talle de fougères, par exemple). On ne précise pas non plus les unités de surface considérées (parle-t-on d'un milieu humide à partir d'un seul mètre carré ou à partir d'un hectare). Pour le moment, le seul test définitif de vérité semble être la capacité de votre biologiste de convaincre le juge, mieux que le biologiste engagé pour soutenir la thèse adverse.

À mon avis, il serait nécessaire de demander à un panel d'experts de préciser un ensemble de critères beaucoup plus prévisibles. D'autant plus que, légalement au Québec, l'identification de la présence d'un milieu humide à protéger repose sur les épaules des propriétaires. Cependant, n'importe quel citoyen, organisation écologique ou municipalité conserve la possibilité de prendre l'initiative de faire déclarer un terrain comme comprenant un milieu humide à protéger.

De mes conversations et échanges de courriels avec les professionnels du service municipal de l'Environnement et du MDEPQ, je retiens que :

1- Le ministère tient à jour une carte des cours d'eau et milieux humides qu'il est possible de consulter.

2- À des fins d'urbanisme, une municipalité utilise généralement, non pas la toute dernière version de cette carte, mais une version antérieure en vigueur au moment de la confection du règlement de zonage. La carte retenue fait intégralement partie du règlement jusqu'à la prochaine révision.

3- Indépendamment de la carte la plus récente du ministère et du règlement de zonage, tout propriétaire a l'obligation de protéger les milieux humides de son terrain, et donc d'identifier la présence de ces milieux.

4- S'il y a sur le terrain un milieu humide autre qu'un cours d'eau, le propriétaire doit demander une autorisation au bureau régional du MDEPQ pour effectuer tout travail dans cette zone ou autour, mais susceptible d'affecter celle-ci.

5- Les autorités peuvent exiger la restauration complète du secteur où des travaux ont été effectués sans permis ou autorisation (y compris démolition des constructions et renaturalisation).

6- Dans tous les cas, il vaut mieux d'abord vérifier avec le service de l'urbanisme ou de l'environnement de sa municipalité. Celle-ci vous réfèrera au ministère le cas échéant.

7- Dans tous les cas, ne pas se fier totalement aux réponses que vous obtiendrez de la municipalité, et contrevérifier auprès d'un service concurrent (ex.: celui de l'urbanisme vs celui de l'environnement), du bureau régional du ministère, d'une association de propriétaires ou d'un groupe environnemental. En effet, la règlementation étant encore très récente (et non encore complétée), on constate (et j'ai constaté) qu'il y a encore beaucoup de flou et de contradictions dans l'interprétation de la règlementation ainsi qu'au sujet des responsabilités et pouvoirs respectifs des différents acteurs impliqués.

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11 décembre 2006

Un vallon autrefois traversé d'un ruisseau

Le Bocage est situé dans un vallon des Laurentides entre des collines plus hautes d'une cinquantaine de mètres (altitude de plus de 260 mètres). Tout indique que la pente douce de ce vallon avait autrefois été traversée par un petit ruisseau (la ligne pointillée verte sur le plan plus bas) qui pouvait drainer une large étendue : jusqu'à un demi-kilomètre vers le nord-ouest ; quelque 200 mètres vers le nord-est ; et une centaine de mètres vers le sud-est. L'établissement tout autour de plusieurs rues avec leurs fossés ainsi les aménagements paysagers résidentiels ont considérablement réduit l'apport en eaux de surface. Du côté nord-ouest, là où passe maintenant une rue, la surface drainée n'a donc plus que vingt-cinq mètres de profondeur. À tel point que cet ancien ruisseau avait disparu. On n'observait plus que des d'affleurements d'eau ponctuels au printemps et après d'importantes pluies (cliquer sur la vignette pour agrandir la carte).

Carte hydrographique du BocageDeux voisins en aval ont construit leurs maisons directement sur l'ancien lit du ruisseau originel en rehaussant le niveau de leurs terrains et en détournant le parcours de l'eau de quelques mètres, au-delà de la ligne limitant leurs terrains au sud-est. Sans grand succès cependant. Car outre une pompe à eau et le rehaussement du terrain pour protéger son sous-sol, le voisin immédiatement en aval a finalement du installer une large bouche d'égout et une canalisation pour intercepter l'eau qui, s'obstinant à suivre le lit originel lors des crues printanières. Et encore là, l'eau s'accumulait à la limite de son terrain. Le premier été de jardinage du Bocage en 2004, j'ai creusé une rigole entre le lit de l'ancien ruisseau et celui du nouveau ruisselet. Cela a drastiquement amélioré le drainage du secteur.

Avant d'entreprendre l'aménagement du Bocage, je l'ai fait visiter à un jardinier paysagiste. Ce dernier m'a suggéré de creuser une rigole pour drainer l'eau qui affleurait ou formait des cuvettes, compliquant autant la marche que le jardinage. J'ai mis trois étés à compléter le système de rigoles qui alimentent aujourd'hui le ruisselet. J'ai procédé par étapes, les jours de pluie, en remontant vers l'amont la source d'arrivée de l'eau. Cet étapisme a permis de bien identifier le parcours de l'eau et de contrôler l'effet d'assèchement. Car Le Bocage est un milieu que je qualifierai de semi-humide. Je ne souhaitais surtout pas provoquer un choc pour les plantes, en particulier les arbres, qui y croissaient déjà. L'objectif était de n'assécher que les premiers centimètres de la surface afin d'établir des platebandes à la fois humides et drainées auxquelles on accèderait par un sentier légèrement surélevé qui, lui, demeurerait bien sec. Cela semble avoir réussi. En effet, depuis que le réseau de rigoles est complété, on observe un apport d'eau plus soutenu qui a rendu quasi permanent le ruisselet en aval qui n'avait jusque-là qu'un caractère intermittent. Avec le temps, des voies d'eau nouvelles se jettent dans les rigoles et augmentent d'autant leur débit relatif. Il semble donc que l'eau trouve ses nouveaux chemins vers la mer et les grossit peu à peu. Il est d'ailleurs possible qu'il s'agisse de l'eau souterraine des collines qui filtre ainsi sous les rues et fosses jusqu'à notre section du vallon. En effet, j'ai noté qu'après une longue période de pluie, le sol du Bocage demeure humide même après un long épisode de sècheresse ou très faibles précipitations.

Le premier été en 2004, j'ai carrément creusé une première quinzaine de mètres de rigoles de 10 à 15 centimètres de profond qui ont relié l'ancien et le nouveau lit ainsi que la bouche d'égout collecteur du voisin. Cette intersection, large et entrecoupée de grosses racines de bouleau jaune, agit depuis comme un bassin de décantation, permettant de récupérer le limon emporté lors du creusage, puis de l'entretien du réseau de rigoles en amont. Le second été, j'ai prolongé progressivement cette rigole en un grand T qui traverse une première fois le sentier et coupe Le Bocage en deux. Cette fois, il a suffi de seulement tasser les feuilles et un centimètre ou deux d'humus. L'eau a ensuite elle-même rapidement creusé son lit. Je n'avais qu'à assurer la régularité de la pente pour éviter les flaques d'eau stagnante qui favoriseraient la prolifération de moustiques. Le troisième été, la même technique a été utilisée pour ajouter les dernières sections qui traversent de nouveau le sentier en deux endroits et remontent le lit de l'ancien ruisseau jusqu'à la limite du terrain.

Le réseau de rigoles est sinueux afin de diminuer la pente et ralentir la vitesse de l'eau. Des cascatelles permettent aussi de préserver des pentes douces et d'égayer Le Bocage de leur glouglou.

Aujourd'hui, c'est donc un ruisselet quasi permanent d'une trentaine de centimètres de large qui remplace l'ancien ruisseau au creux du vallon.

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09 décembre 2006

Une érablière à bouleau jaune

Nuageux, maximum - 2° C en après-midi, et se réchauffant encore par la suite.

Aujourd'hui, j'ai abattu la plupart des arbres et arbustes de la pièce au sud-est de L'Enceinte où je compte faire pousser le printemps prochain des rodgersies ou des pétasites qui créeront, du sentier, un effet de tranchée qui isolera du voisin. J'ai aussi taillé les sapins baumiers que j'y ai laissé pour le rendre leur forme conique.

* * *

Le Bocage est situé à une soixantaine de kilomètres à vol d'oiseau au nord-ouest de Montréal, sur le rebord sud du Bouclier laurentien (aussi appelé Bouclier canadien, Plateau laurentien ou bouclier précambrien), un vaste secteur dont la formation a commencé il y a 950 millions d'années. Le bouclier était à l'origine un secteur de montagnes très élevées et très abruptes avec une activité volcanique intense. Cependant, les glaciations successives l'ont érodé considérablement pour donner son actuel aspect beaucoup plus plat. Ce que les résidents appellent « montagnes » ne sont plus que des collines pour la plupart. Le Bocage lui-même est situé dans un vallon entre des collines plus hautes d'à peine une cinquantaine de mètres (altitude d'un peu plus de 260 mètres).

Les glaciations n'ont laissé sur le Bouclier qu'un sol très mince recouvrant un lit de roche qui affleure souvent. On y retrouve aussi un peu partout des blocs erratiques abandonnés. Au nord, c'est la zone écologique de la toundra. Au sud, une zone couverte à 80 % de forêts dont la majeure partie est encore à l'état sauvage : le Bouclier boréal, domaine de l’épinette noire, l'épinette blanche, le pin gris et le sapin baumier. Dans la partie sud du Bouclier boréal, se sont aussi installés des feuillus tels le bouleau blanc, le peuplier faux-tremble et le peuplier baumier, accompagnant d'autres conifères comme le pin blanc, le pin rouge, le pin gris et le sapin baumier. Ces forêts mixtes feuillues constituent l'une des zones écologiques où on trouve le plus grand nombre d'espèces d'arbres et arbustes dans le nord de l'Amérique. Cette richesse découle de la rencontre entre les aires des espèces boréales et celles plus méridionales.

Le Bocage s'inscrit plus particulièrement dans une formation forestière appelée « érablière à bouleau jaune » qui constitue précisément la limite nordique de la forêt décidue américaine. Cette formation marque d'ailleurs la fin de l'aire de distribution du tilleul d'Amérique et de l'ostryer de Virginie. L'érablière à bouleau jaune couvre la base (la portion inférieure à 300 mètres d'altitude) des Laurentides et des Appalaches sur une superficie de 65 600 km carré. Typiquement, on y retrouve principalement l'érable à sucre, le bouleau jaune, l'épinette blanche et le sapin baumier. Ici, sur le rebord sud des Laurentides, on y retrouve aussi le hêtre à grandes feuilles, le chêne rouge et la pruche du Canada.

Le Bocage est une parcelle d'érablière à bouleau jaune typique. On y retrouve également beaucoup d'érables rouges (à cause de l'humidité du sol) ainsi que des hêtres et des bouleaux à papier.

À venir : Liste des espèces ayant poussé naturellement dans Le Bocage.

Une des sources : Atlas canadien de l'Université Laval

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05 décembre 2006

Phénologie locale

Phénologie, n.f. : (Botanique) Étude des stades de développement d'une plante, en particulier des phénomènes périodiques comme le débourrage, la floraison et l'entrée en dormance, liés aux changements climatiques saisonniers de température et de photopériode.

Ici, il s'agit de noter l'évolution saisonnière des plantes individuelles et du jardin comme ensemble. Si je pouvais faire des observations quotidiennes je pourrais contribuer à des travaux de chercheurs à travers des projets comme Opération floraison ou Veille au gel.

Ne pouvant faire d'observations quotidiennes, celles compilées dans ce journal portent sur de plus longues périodes d'une dizaine de jours. Ce n'est pas suffisamment précis pour des fins scientifiques, mais parfaitement satisfaisant pour des fins de jardinage. Lorsque j'aurai accumulé suffisamment d'observations, je pourrai composer un tableau synthèse de la phénologie du Bocage.

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Phénologie locale de l'hiver

1er décembre : Début de l'hiver (deux semaines plus tard que les moyennes saisonnières) avec une chute de neige glacée d'une dizaine de centimètres. Net passage des températures sous zéro.


Début décembre : Seules quelques fougères émergent encore toutes vertes. Il s'agit probablement d'une espèce à feuillage persistant qu'il me faudra bien identifier. Les rigoles coulent abondamment sous la neige.


Mi-décembre : El Niño n'est même pas encore à son plus fort (et de toute manière ne sera pas très puissant cette année) que déjà des masses d'air chaud poussent de notre côté, avec des maxima bien au-dessus de zéro pendant plus d'une huitaine. Le peu de neige au sol a cependant tenu malgré ces températures printanières.


Fin décembre : C'est à peine si les maxima se sont d'abord tenus sous zéro alors que les moyennes tournent habituellement autour de - 6 °C. Après Noël, les maxima sont lentement tombés sous les moyennes. Les rigoles continuent de couler. Le matin du 29, le minimum fut - 18 °C, les portions les plus lentes des rigoles se sont donc couvertes de glace.


Début janvier : Alternance de temps très doux et de températures un peu plus de de saison. Le couvert de glace des rigoles tend alors à dégeler. Sous l'effet de la chaleur et de la pluie, la neige s'est à peine maintenue sur la terre, mais a carrément fondu des rochers.


Mi-janvier : Refroidissement des températures plus vers les moyennes saisonnières. Nouveau couvert de neige. Les rigoles continuent à couler sous leur surfaces glacées.


Fin-janvier : Les températures se sont généralement maintenues sous les moyennes saisonnières. Les lits des rigoles se sont sont asséchées. Cependant, elles ont à deux endroits (pied de la première cascatatelle, pied du bassin de décantation) conservé suffisamment de chaleur pour y faire fondre la glace ainsi que la neige qui avait faiblement tombé durant cette période.


Début février : Températures sous les moyennes saisonnières. Lits des rigoles asséchées et refroidies.


Mi-février : Températures sous les moyennes saisonnières. Rigoles asséchées. Une petite tempête de neige a augmenté le couvert de neige. Autour de 20 cm dans La Reposée ; quelque 25 cm dans les autres platebandes ; 45 cm et plus long de la haie nord-ouest.


Fin février : Les températures se ramènent autour des moyennes saisonnières (maximum - 3 ´C). La neige fond autour de certaines roches, certains arbres et sur une bande de quelques centimètres de large par un mètre de long sur le bord du ruisselet, toujours sec, en amont de la cascatelle numéro 1.


Début mars : Une tempête de neige ajoute un minimum de 20 cm à la neige déjà accumulée. Il y a maintenant autour de 35 cm dans la Reposée, plus de 45 sur la haie nord-ouest, et autour de 40 cm ailleurs dans Le Bocage. Vague de froid intense lors de la deuxième moitié de la période.


Mi-mars : Il semble bien que le printemps (ou la saison du dégel) commence le 11 mars. En effet, il a fait 2 °C et les prévisions et projections pour les prochains jours font se maintenir les maximums au-dessus du point de congélation.

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03 décembre 2006

Ocre ferreuse en surface

Neigeux, maximum -3 °C.

J'ai achevé de débiter toutes les sections verglacées des arbres abattus la fin de semaine d'avant et poser les protections de la haie de thuyas de devant la maison (à peine plus d'un mètre de la rue).

* * *

Il y quelques semaines, une boue organique rougeâtre s'est développée dans un bout de rigole. Cela ne m'étonne pas, cette portion nord-est du boisé est plus pierreuse et le sol du secteur est naturellement ferreux. J'avais d'ailleurs déjà remarqué le même phénomène dans certains fossés aux alentours. Ce qui m'étonnais plus était pourquoi cela est apparu soudainement dans cette rigole déjà vieille de 6 mois.

Or, justement un récent reportage de l'émission La Facture avait porté sur ce phénomène de l'« ocre ferreuse ». Après quelques recherches, j'ai découvert que ce terme est utilisé uniquement dans quelques rares sites québécois. On dit aussi « ocre ferreux ». On parle également de « bactérie mangeuse de fer ».

La recette est simple : sol ferreux + oxigène + présence continue d'eau alcaline (PH 8 ou plus) + bactérie = ocre ferreuse.

Le Centre d'inspection et d'expertise en bâtiment du Québec donne les informations suivantes. Il y a environ vingt-cinq ans, les agriculteurs québécois se sont systématiquement lancés dans des travaux de drainage de leurs terres. «Donc, pour atteindre cet objectif, on installa des drains (...). C'est alors que la problématique de l'ocre ferreux a fait ses premiers dommages dans le domaine de l'agriculture. En effet, ces cultivateurs se sont aperçus que leurs drains se colmataient par des dépôts rougeâtres et visqueux. À cette époque, le phénomène suscita l'intérêt de certains chercheurs qui tentèrent de trouver des solutions au problème. À notre avis, aucune autre recherche jusqu'à maintenant n'a été effectuée plus sérieusement (...).»

Aujourd'hui, le problème apparaît dans les drains de bâtiments constuits sur d'anciens milieux humides ou des emplacements où la nappe phréatique se maintient proche de la surface. En engorgeant les drains, l'ocre ferreuse les rend ineffectifs pour la protection des fondations et des sous-sols.

Le Centre offre deux pistes de solutions préventives (plus aisées à appliquer au jardin que sous les maisons, là où c'est véritablement problématique) à savoir :
1- élimination de la stagnation ou de l'affleurement de l'eau et
2- l'ajustement du PH par « l'ajout de matériaux à grande porosité et à PH qui neutralisent celui du fer, tels que des copeaux de bois ou de la paille ».
Une troisième solution toucherait à l'autre ingrédient de la recette, soit réduire le contact avec l'oxygène de l'air et du sol.

Au niveau curatif, on parle de lessivage régulier des drains ou rigoles.

Ainsi au Bocage, l'apparition soudaine d'ocre ferreuse dans la rigole s'expliquerait donc par les fortes pluies récentes qui auraient creusé inégalement le lit et saturé le sol d'eau qui affleure sur une période suffisamment longue.

Donc, le printemps prochain, je vais lessiver la bouillie rougeâtre, rectifier le lit de la rigole affectée afin d'éviter la stagnation d'eau et y saupoudrer de temps à autre un peu de sciure de bois afin de réduire l'alcalinité.

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02 décembre 2006

Listes de plantes candidates à introduction au Bocage

Ensoleillé, maximum -2 °C.

Première neige durable tombée hier. Apparemment, l'hiver vient de commencer. Poursuite du débitage de la phase 2 du jardinage sylvicole.

* * *

Entretemps, j'ai complété la liste des plantes candidates à introduction dans le prochain plan du Bocage (outre les plantes prévues pour transplantation et celles déjà implantées).


Annuelles
Impatiens (Impatiens) :
‘Jungle Gold’ – Horticlub
‘Strawberry Butterfly’ – Horticlub
Coleus (Colenostemon scrutellarioides)

Bulbes
Anémone des bois (Anemone nemorosa) - Fraser's Thimble Farms
Colchique (Colchicum x)
Ellébore d'hiver (Eranthis hyemalis)
Érytrhone révoluté (Erythronium tuolumnense) Pagoda - Fraser's Thimble Farms
Gloire des neiges (Chinodoxa forbesii)
Lis martagon (Lilium martagon)
Perce-neige (Galanthus ikariae ou G.worownii) - Fraser's Thimble Farms
Puschkinia (Puschkinia scilloides)
Sanguinaire (Sanguinaria canadensis)
Scille (Scilla biflora)

Graminées
Carex (Carex)
(Chasmanthium latifolium)
Canche (Deschampsia)
Phalaris roseau (Phalaris arundinacea)
Seslérie (Sesleria autumnalis)
Riz (Orysa sativa) black madras – Horticlub


Vivaces
Bugle rampante (Ajuga reptans)
Ancolie du Canada (Aquilegia canadensis)
Barbe de bouc (Aruncus dioicus)
Astilbe ( Astilbe x arendsii)
Bergenia cordifolié (Bergenia cordifolia)
Brunnera - Myosotis du Caucase (Brunnera macrophylla)
Caltha des marais (Caltha palustris)
Cimifuge - Cimicaire (Cimifuga racemosa)
Coeur saignant (Dicentra spectabilis) Dicentra King of Hearts - Marineau
Épimède (Epimedium)
Géranium à gros rhizome (Geranium macrorrhizum)
(Gillenia trifoliata)
Hépatique acutilobée (Hepatica actutiloba)
Hosta (Hosta) :
‘Blue Wedgewood’ – Horticlub
‘Hadspen Blue’ – Indigo
Montana ‘Aureomarginata’ – Horticlub
‘Sweet Home Chicago’ – Horticlub
‘Sum & Substance’ – Horticlub
‘Stained Glass’ – Horticlub
‘Touch of Class’ – Indigo
‘Zounds’ – Indigo
Lamier (Lamium maculatum)
Ligularia (Ligularia stenocephala) ‘The Rocket’ – Horticlub
(Liriope)
(Mitchella repens)
Myosotis (Myosotis scropioides)
Monnaie du pape (Luzula sylvanica)
Pavot bleu d’Himalaya (Menocopsis betonicifolia) – Jardin de Métis, Indigo
Astiboides (astilboïdes tabularis) - Horticlub
Pachysandre du Japon (Pachysandra terminalis)
Sceau de Salomon (Polygonatum biflorum)
Rodgersie (Rodgersia podophylla)
Pigamon à feuilles d'Ancolie (Thalictrum aquilegifolium)
Tiarelle (Tiarella x)
Tricyrtis à poils rudes (Tricyrtis hirta) - Horticlub
Petite pervenche (Vinca minor)

Fougères
(Matteucia struthiopteris) - Horticlub

Arbres
Cyprès de Russie (Microbiota decussata) – Horticlub
Genévrier (Juniperus)
If (Taxus) - Horticlub

Arbustes
Clèthre à feuilles d'aulne (Clethra alnifolia)
Diervillée (Diervillea)
Dirca des marais (Dirca palustris)
Éleuthère de Siebold (Eleutherococcus sieboldianus)
Fusain ailré (Euonymus alatus)
Paxistima de Canby (Paxistima canbyi)
Physocarpe à feuilles d'obier (Physocarpus opulifolius)
Pieris des montagnes (Pieris floribunda)
Ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata)
Ronce odorante (Rubus odoratus)
Symphorine de Chénault (Symphoricarpos x chenaultii)
Viorne commune (Viburnum lantana)

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